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Tibagaô à Tana !
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5 février 2012

TANA ET LE QUARTIER AMBOHITRAKELY

La chronique du Canard Sage du dimanche 5 février

A notre arrivée à TANA (message du 2 décembre 2011) les photos de la rue devant le portail cabossé vous ont donné une petite idée du quartier Ambohitrakely (le petit village).
Nous continuons la visite par une porte en fer située à l’opposé du terrain. C’est par ce passage que GABRIEL et BATISTIN se rendent à l’école française en parcourant une rue privée terminée par un grand portail.

Plusieurs sociétés privées y ont établi leur siège. Il y a aussi un petit restaurant-salon de thé dénommé « Le Jardin Secret ». Pour nous il est resté secret puisque nous n’y avons pas mis les pieds. Un portillon permet aux piétons de se rendre à l’école ou d’accéder à une route au trafic soutenu.
L’école B (Il y a quatre écoles élémentaires françaises à TANA : A, B, C, D) s’appelle : AMPANDRIANOMBY. Ce qui signifie « l’endroit où dorment les zébus » (omby=zébu).

 Jardin secret  ECOLE B


De l’autre côté de la rue se trouvent le Ministère de l’Énergie accolé au Musée National de Géologie et, un peu plus distant sur la même route, le Centre de Météorologie. Mais le plus imposant et le plus proche est l’Institut Pasteur situé dans un grand parc aux arbres pluri centenaires. Datant de 1898, entouré de cette mini forêt « vierge », il recèle au sein de ses laboratoires une impressionnante collection de microbes et de virus. Sa situation dans le monde est d’une certaine façon privilégié. Madagascar est un réservoir de maladies oubliées dans les pays occidentaux riches comme la France.

 Panneau Institut Pasteur                     sept 2011 Tana 016

Filtre à eau et eau de source                                                


On y trouve encore des foyers de poliomyélite, typhoïde, choléra, typhus, plusieurs formes de peste et certainement quelques autres pathologies aussi peu sympathiques. Les bâtiments de l’Institut contiennent un centre de vaccination bien pratique pour la famille : il suffit de traverser la ruelle et entrer par une porte bien gardée de l’enceinte. J’ai accompagné Aurélien qui a « bénéficié » de ce traitement préventif. Vu leur collection de « bestioles » le contrôle strict des allers et venues est légitime.

LAVOIR  Collégiennes

Le lavoir en période calme et des collégiennes en "bleu de travail"


En descendant la colline, qui n’est pas sacrée, un collège malgache se situe à la périphérie des villas. Vingt mètres plus bas des linges sèchent éparpillés sur l’herbe verte qui entoure les douches et le lavoir communal. Tous les jours de nombreuses femmes y lavent les vêtements. Dix mètres plus loin une benne à ordures dégorge son trop plein, fouillée en permanence par une famille qui « campe » à proximité. La route passante sous le quartier est remplie des bruits, des odeurs et fumées d’échappement de véhicules délabrés. La plupart datent des années 50. En France elles seraient presque toutes recalées au contrôle technique. Il y a une flottille de 2 chevaux, de 4 L et quelques autres pièces de musée qui servent de taxi. Des boutiques exigües bordent les rues vendant à la pièce tout ce qui est vendable. Ayant besoin de pitons, j’ai trouvé un petit commerçant qui avait deux échoppes contigües, avec une porte communicante, vendant ainsi alternativement de la nourriture ou des clous, des vis et des pitons à l’unité.

 IMG_0171    Madamarcel 040         

Des étalages de viandes qui pendent entourés de mouches de toutes sortes qui découragerait le plus affamé des vazaha.

Ces détaillants on les rencontre au fond de la plus petite ruelle. Un peu plus haut que notre portail deux épiceries se partagent la clientèle du quartier. La plus proche est tenue par une Malgache quadragénaire qui a une habitude étrange : en attendant les clients, elle s’allonge sur un lit derrière son étroit comptoir.Elle se lève à chaque nouvel arrivant pour vendre de petites portions en vrac à l’aide d’un kapoaka (boîte de lait concentré servant de mesure) du riz, des haricots secs, du maïs en grains etc. quelques gâteaux secs, des œufs, des allumettes… bref tout ce que les gens pauvres peuvent acheter en petite quantité.

IMG_0090  Petits pois et ............. Poisons séchés

petits poissons séchés avec leur mesure

  Le prix au détail étant toujours plus élevé, ce sont les gens modestes qui sont les plus pénalisés. En fait de comptoir, il s’agit d’une fenêtre ouverte sur la rue d’un appartement minuscule.

Charreton et tôle 2     Charreton et ficelles

Charretons, tôles ondulées et ficelles


La circulation est cauchemardesque. Dans les rues sans signalisation, tout ce qui roule essaye de passer parmi les volutes de fumées pestilentielles. De la carriole montée sur roulements à billes en passant par les charretons, des guimbardes en tout genre, des 4X4 luxueux jusqu’aux gros camions de récupération, ça se croisent, se frôlent, slaloment et bouchonnent. Un flot continu de piétons circule en tous sens avec parfois sur les épaules ou sur la tête les objets les plus insolites : plaques de tôle, fers à béton …

   Un Regard sur un trottoirTrottoir béant

Une commerçante a astucieusement utilisé le trou du trottoir pour poser son  étalage !

Les trottoirs, quand ils existent, sont parsemés de trous béants, de plaques d’égout manquantes qui en font des pièges redoutables. Les déplacements à pieds ressemblent, dans certains quartiers, au parcours du combattant. Les caniveaux charrient toutes sortes de détritus. Les poubelles sont rarement utilisées, les ordures sont jetées directement dans les conteneurs qui ont du mal à retenir leur contenu. Les employés de la voirie passent avec des camions à ridelles pour le ramassage à la pelle. Les orages tropicaux qui sévissent avec violence en cette période n’arrangent pas la situation. Les torrents d’eau et de boue ne font que déplacer les immondices vers les bas quartiers. Nous aimerions que la situation s’améliore. Il semble que la municipalité n’ait ni la volonté, ni les moyens d’y remédier. Ce n’est pas non plus la préoccupation dominante du gouvernement non élu, dit de transition, en proie à des querelles intestines (voir : « coup de griffe »).

 BALAIS sur la tête     

Canards papier et balais sur la tête 
ECHELLE et parabole

Echelle en bois brut, fils de fer barbelés, et parabole


De nombreux petits artisans réparent, raccommodent, remettent en service des objets usuels que les gens, chez nous, jettent avec dédain et qu’il faut payer pour le recyclage.
L’influence française est omniprésente au fronton des édifices et des enseignes des boutiques dont la plupart sont écrites dans les deux langues. Il y a parfois des intitulés curieux comme : « Coiffure Bio » restaurant « Arc en Ciel » « Clin d’œil » ou« Gastro Pizza ». Si tous les Malgaches ne maitrisent pas le français, les commerçants le comprennent et beaucoup le parlent correctement. Nous avons été étonnés de constater le nombre de personnes qui ont un prénom français.
Dans les endroits les plus fréquentés par les « vazaha » (étrangers) un danger les guette. Des bandes de voleurs écument cette sorte de « cour des miracles ». Un de leur lieu de prédilection est l’espace autour de l’INSTITUT FRANÇAIS. Nous en avons fait la triste expérience.
La première fois nous étions allés voir un film documentaire dans la salle de spectacle de l’Institut sur les funérailles d’un riche éleveur de zébus du sud de Madagascar. Le film était intéressant et le commentaire de l’ethnologue ennuyeux. A la sortie, sous un éclairage blafard, nous traversons la rue pour héler un taxi. Au moment de monter en voiture, pendant qu’un  gamin me demande l’aumône, un groupe de jeunes délinquants brusquement fouille mes poches. Je me débats comme un diable dans un bénitier. Heureusement ils ont fait choux blancs car j’avais pris la précaution de cacher mes sous et mes papiers sous mon t-shirt.
Un autre jour nous y sommes retournés avec les enfants pour assister à la projection de dessins animés. Avec un gros sac de livres à la main, j’avais positionné l’appareil photo dans mon dos. En un clin d’œil les malfrats ouvrirent la sacoche et subtilisèrent l’appareil et partirent à toutes jambes.

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L'ancien palais de justice et la première rue construite à Antananarivo


La troisième fois c’est Andrée qui a été victime des voleurs. Nous participions à une promenade des sites historiques de TANA commentée par le professeur d’histoire d’Aurélien. Nous venions de quitter un ancien tribunal à colonnes, style temple romain, puis parcouru la première rue construite dans la ville pour s’arrêter à la « porte des étrangers ». Nous avons ensuite emprunté une montée d’escaliers par un sentier étroit. C’est là que deux jeunes bien habillés qui descendaient se sont mis à courir et ont cassé la chaîne arrachant au passage les lunettes d’Andrée. Absorbés par les excellents commentaires du professeur, l’effet de surprise a été total. Andrée était catastrophée mais vite remise de ses émotions lorsque des enfants nous ont ramené les lunettes et constaté que le collier était resté dans le t-shirt.

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La porte obligée de étrangers avec notre guide-professeur d'histoire et "le chemin des voleurs"


Tout n’est pas négatif, non seulement nous trouvons les fruits tropicaux, comme les bananes, litchis, mangues, papayes etc. mais aussi des pommes, prunes, poires et même des fraises que l’on ne peut consommer que cuites (confitures). Pour se prémunir des maladies, nous sommes aussi obligés de faire tremper et laver les fruits et les légumes à l’eau additionnée de javel. Pour la boire, nous devons filtrer celle de la compagnie et mettre quelques gouttes de « Sûr’eau » (marque d’eau chlorée malgache).
UN ARIARY  L’ancien président, renversé par le Disc Jockey, avait en son temps changé les Francs malgaches en Ariary (5 Frm pour 1 Ar). Pour autant il faut encore 2800 Ar au change pour obtenir 1 Euro. Un litre de lait de zébu est vendu 1500 Ar dans le quartier soit 0,50 centimes d’€. En pièces d’1 Ar il en faut une pile 3 mètres de haut d’un poids de 7 kg d’alliage de nickel alors qu’en euros il suffit d’une pièce de 50 centimes en laiton !!! Heureusement les pièces sont trés peu utilisées.

A-t-il été contaminé par la folie des grandeurs ? Voulait-il faire croire que le pays est riche en frappant la monnaie en nickel ? Toujours est-il qu’il aurait pu économiser l’argent public et éviter que, dix ans plus tard, la plupart des petits commerçants comptent toujours en Francs malgaches et ont un mal fou à faire la conversion des prix en ariary, d’autres en profitent pour gruger les clients.
Nous quittons le coin pour nous mettre dans l’eau : il fait très chaud, les parents grimpent et les enfants sont à la piscine.
Coin coin ! vive la trempette, foi(e) de canard (maigre bien sûr !)

089  janvier 2012 AMBOHIMANG 013

Dernière photo de Lilou qui est reparti avec son ancienne maîtresse en nous laissant SAKAY sa fille qui ne manque pas de piment (Sakay: piment en malgache)


janvier 2012 AMBOHIMANG 091 

Vive le roi. TITOUAN  a 1 an et vous salue bien !!!

janvier 2012 AMBOHIMANG 010



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