Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Tibagaô à Tana !
Archives
22 décembre 2011

La mort d"un magistrat suite

Si la situation à Madagascar vous intéresse voila un article de la TRIBUNE MADAGASCAR.COM qui ne manque pas  d'humour.
Camomille ?

jeudi 22 décembre 2011, par Patrick A.

Délicate position que celle du Premier ministre Omer Beriziky. D’une part, il a presque immédiatement été renié par son sponsor initial, Zafy Albert [un ancien (et éphémère) Président de la République, pour les non-iniciés]. D’autre part, et depuis maintenant près de deux semaines, il est complètement pris en tenaille dans le différend entre policiers et juges.

En prime, il n’est guère encouragé par la SADC [la communauté des états de  l'Afrique australe : le principal médiateur dans la crise malgache] qui, depuis que l’ambassadeur sud-africain Mokgethi Monaisa a quitté Madagascar, s’est réfugiée dans un silence qui semble en dire très long.

Omer Beriziky a été positionné, et s’est positionné, comme « centriste ». L’auteur des présentes lignes est bien placé pour savoir qu’une telle posture est forcément délicate, surtout à Madagascar où un tel positionnement est immanquablement suspecté de ne cacher qu’un opportunisme bassement intéressé. Et si par miracle, le « centriste » arrive à persuader quelques personnes de sa bonne foi et de l’absence de conflits d’intérêts par rapport à l’analyse des affaires nationales, il est immédiatement accusé d’avoir autant de caractère que l’eau tiède. Même pas bon à infuser une camomille.

L’on en rit, mais les choses ne sont pas forcément drôles. Sur qui Omer Beriziky pourrait-il aujourd’hui s’appuyer sans réserves ? Sur la seule raison, serait-on tenté d’écrire. Sauf qu’il en est de la politique comme des affaires sentimentales : les ultras ont leurs raisons que la raison ne connait pas.

À chacun sa vérité

Omer Beriziky ne peut prétendre avoir raison contre les ultras, que ceux-ci soient à la HAT [la Haute Autorité de la Transition: c'est-à-dire le pouvoir actuel], au Magro, à la magistrature ou dans un commissariat de police. Car les ultras détiennent chacun une parcelle de vérité. Les manifestants du Magro ont quelques très bonnes raisons de dire que les hommes au pouvoir sont des putschistes et des voleurs. Les hommes de la HAT ont aussi de fort judicieuses raisons de marmonner dans leur barbe qu’ils étaient loin d’être les seuls ou les premiers à avoir sorti les méthodes de voyous en 2009, et que ce n’est pas parce que certains ont perdu à ce petit jeu pervers qu’ils peuvent aujourd’hui se draper de vertu outragée ou doivent être crus sur parole lorsqu’ils affirment ne représenter aucun danger.

Dans ces conditions, un simple décret ne peut amener l’authentique apaisement. Celui-ci ne pourra que se construire progressivement ; mais malheureusement, Omer Beriziky n’a pas énormément de temps.

Peut-il compenser ce manque de temps par la démonstration que « centrisme » ne rime pas forcément avec absence de volonté politique ? Suite à l’affaire de Toliara, il a fait une demande de démission simultanée du ministre de la Sécurité intérieure et de celui de la Justice. Certains y verront un jugement de Salomon, j’y vois un véritable courage. Une logique aussi, car les deux ont clairement failli dans cette affaire : le premier parce qu’il était présent à Toliara au moment des faits, et qu’alerté par téléphone du danger de la situation, il avait répondu que tout allait s’arranger. La seconde parce qu’elle s’est comportée (et sa réaction rapporté par un de nos confrères ne fait que le confirmer) non pas en ministre de la Justice, mais en ministre des seuls magistrats.

Malheureusement, nous n’aurons sans doute pas avant les fêtes la réponse à cette double revendication. Trêve des confiseurs risque fort de rimer avec déconfiture continue des valeurs républicaines.

Publicité
Commentaires
Publicité